Le dessin occupe une place importante dans l’œuvre protéiforme d’Olivier Cazenove. Figuratif, il échappe souvent à ses propres codes et développe une écriture singulière, guidée par une énergie gestuelle exaltée, exubérante, parfois féroce. Les scènes quotidiennes, érotiques, fantasmagoriques, déroulent leurs corps enchevêtrés, leurs masques grimaçants, leurs chimères inachevées.

Gravé sur le caoutchouc noir ou déployé à l’encre de chine sur le papier, le trait se dédouble, s’enroule, s’appuie, se disperse, s’égare… comme notre regard alors qui se laisse tenter par l’aventure d’un dessin déraisonnable et déroutant, toujours à la limite de l’incontrôlable.

La peinture est tout aussi indisciplinée, une immense nébuleuse où le rêve éveillé de l’artiste s’approprie la matière picturale dans tous ses états, ses techniques. Si l’on reconnaît ici d’autres bribes de corps, des silhouettes, des visages, des expressions, ils apparaissent ou disparaissent dans des compositions apparemment disparates mais qui constituent ce tout foisonnant et indispensable de l’expérience picturale d’Olivier Cazenove.

Les figures souples, les fragments dansants sont engloutis, apaisés par des paysages brumeux, confus, vibrants et impénétrables ; ou bien les corps, les visages et les regards hallucinés s’imposent à leur surface en cernes noirs, emprisonnant les couleurs franches, un œil géométrique, un pied picassien, une tignasse d’ébène.