Laurent Durrey décolle, déchire, collectionne des affiches qu’il récolte lors de ses voyages en Europe et dans le monde. Le geste est vif et méthodique, l’œil expert lorsqu’il fragmente, lacère, réorganise les images. Encore animées de leur empreinte urbaine, elles sont prêtes alors à raconter une nouvelle histoire, marouflées sur de grands panneaux.

Le cinéma, l’histoire de l’art, les pop stars, Hollywood, la musique, la rue, autant de références et de thèmes récurrents. Ils se déclinent le plus souvent autour d’une figure centrale qui inspire la composition. Les fragments lacérés ou déchirés se combinent, glissent vers un autre espace narratif, pictural et sensible. On reconnaît sans difficulté Cary Grant, la Joconde, Gainsbourg, Brigitte Bardot ou Captain America, des icônes de la culture populaire dont les images ont traversé notre mémoire collective. Mais au-delà de ces marqueurs incontournables, Laurent Durrey nous balade dans ses labyrinthes de papier, jeux de mots, de langues, de murs et de couleurs et nous entraîne dans les rues de Rome, Paris, New York ou San Francisco…

Les grands formats favorisent l’expérience visuelle et la réalité du sentiment « urbain ». La densité de la matière, de ces couches de papier collés, affichage après affichage, écrit aussi la marque du temps, une histoire en soi, notre histoire sûrement.

Héritier des peintres affichistes des années soixante, Laurent Durrey l’est assurément, son approche du réel rendant hommage à ces « archéologues de la rue, du présent » qu’étaient Raymond Hains, Jacques Villeglé, François Dufrêne ou encore Mimmo Rotella.