Les paysages en noir et blanc d’Antoine Martineau sont silencieux, souvent désertiques et si ces ambiances marines nous sont familières, elles portent les traces énigmatiques des hommes, de leurs activités, de leurs rencontres et de leurs vies, qui confèrent à l’ensemble un indicible mystère. Le sable se prend pour la neige, mange l’eau, craque sous un soleil blanc ; le ciel danse, noircit, dessine la terre, s’illumine d’une lune pâle ; l’eau frémit, tremble et scintille.

Le noir et blanc a la capacité ici d’exacerber un sentiment intense et contradictoire de sérénité et d’abandon qu’Antoine Martineau fixe aussi avec les objets. Les coupelles ostréicoles entassées, alignées, se débarrassent de leur fonctionnalité et deviennent purs motifs, rythmés par les nuances de gris vers une abstraction délibérée. Les vestiges d’un repas captés à travers une fenêtre aux reflets multiples et perturbants intriguent. Une nature morte, une vanité peut-être ?La trace éphémère de notre existence physique… Ou cette impression brouillée d’une absence accidentelle.

La photographie est attachée aux terres du photographe et plus particulièrement aux Sables d’Olonne, aux femmes et aux hommes qui y vivent. La série de portraits réunis dans l’ouvrage Marins Sablais est un hommage puissant aux hommes de la mer. Le noir et blanc sublime les expressions, les regards, les postures. Ces matelots, capitaines, scaphandriers inconnus qui nous regardent droit dans les yeux, ont sous l’objectif des gueules de légendes, celles de la mer. L’identité sablaise est aussi féminine. La proximité, l’intimité presque, que les images saisissent de ces femmes jeunes et vieilles en costume traditionnel, les coiffes élégantes et légères comme des oiseaux, des sourires, des médaillons, des peaux fines, hâlées, ridées qui portent l’histoire de ces femmes de pêcheurs.