Kesadi. Derrière la signature s’annoncent déjà les histoires, les voyages, les rencontres et la manière dont l’artiste les raconte. Du street art à l’illustration, ce qu’il nous montre du monde est critique, souvent ironique. Saturées d’objets, de personnages, de motifs, les scènes nous emmènent dans une subtile observation. Capté par des couleurs acidulées surprenant d’abord par leur douceur, le regard se perd dans une accumulation vibrante de détails, de traits vifs et noirs, de petites ponctuations graphiques qui électrisent la surface.

Des bidons, des détritus, des cadavres d’animaux aux mines abandonnées… Si l’humour est là, il n’empêche pas de voir la pollution, la surconsommation, le gaspillage. Mais parmi les bidons vides, les carcasses de voitures, les déchets alimentaires et les cadavres d’animaux souriant, pointe souvent une fleur exotique ou un bouquet qui diffuse sa fraîcheur, sa poésie « l’air de rien ». L’énergie poétique qui se dégage des œuvres amplifie le message politique et écologique tout en réenchantant un monde pas encore tout à fait perdu.

Chaque histoire que raconte Kesadi nous parle de ce monde en folie avec une ironie subtile empreinte de tendresse. L’amoncellement des détails multiplie les points de vue, les accroches, les observations, permettant à chacun d’entrer dans la narration comme bon lui semble.

Les murs de Kesadi se lisent au cœur des villes, indissociables des habitants qui les regardent et les traversent. Plus aériens, organisés comme des bandes dessinées géantes et sans paroles, ils déploient des récits connectés aux paysages et aux cultures rencontrés. Rythmés par des jeux d’échelles audacieux et de nuanciers colorés, ils posent l’atmosphère et l’unité du récit.

C’est dans cette connexion plastique immédiate au monde — ses excès comme son abondance — que l’expérience foisonnante de la peinture urbaine et « domestique » de Kesadi captive.