La peinture de Rémy Imbert est comme un voyage frémissant. Elle est figurative, du moins reconnaît‑on des paysages, des hommes, des oiseaux, des objets… Mais elle est d’abord ce que porte l’artiste d’attention au monde, son attention inébranlable et poétique à la nature, au quotidien, aux traces de l’homme. L’encre de Chine célèbre sur des papiers grand format les gestes du peintre ou du jardinier avec l’assurance de celui qui les a accomplis. Les cadrages serrés et la lumière qui éclaire un regard, un pinceau, une main, une paire de ciseaux nous projettent avec force dans l’intimité de ces pratiques familières. Les acryliques sur papier révèlent des objets et des scènes « presque » ordinaires baignant dans une atmosphère bleutée.

Il y a toujours dans ces arrangements picturaux des formes et des couleurs, l’apparition d’un élément troublant qui rappelle à la réalité ses limites et donne la clef de ces combinaisons poétiques des objets, des échelles, des points de vue. Alors le profil d’une toile blanche, un papillon s’échappant d’un bouquet, un gant flottant indécis en travers d’une chaise nous rapprochent délicatement du peintre, de la peinture.

Les paysages déroulent leurs mystères et les couleurs denses et vibrantes de l’huile s’emparent des lieux, si proches et si lointains. Elles plongent chacun d’entre eux dans une tonalité générale qui provoque cette double sensation du familier et de l’insaisissable. Plus affirmée encore dans la série des paysages flottants, l’étrangeté discrète des compositions se débarrasse avec élégance de l’apesanteur. Les pans de montagne, les reliefs, encore liés à un horizon ou une terre reconnaissables, flottent comme des nuages, des fantômes, des étoffes mais n’affectent pas notre proximité avec le panorama.

La peinture de Rémy Imbert est en dehors de tout effet spectaculaire. C’est le spectacle de la nature et des hommes qui retient son attention, avec une certaine pudeur mais une densité et une permanence de regard.