Entre culture urbaine et bande dessinée, les œuvres de Walter Sené dessinent un autoportrait du peintre en petite figure récurrente, un double au graphisme élémentaire et efficace. Ce drôle de personnage coloré, à tête de ballon et face de lune, évolue presque exclusivement au centre d’espaces carrés qui concentrent expressions, mots, objets ou références. À chaque toile son état d’âme, son clin d’œil à la Pop Culture, son action.

S’il n’y a pas à proprement parler de narration, la panoplie des émotions et des pensées rassemble des séquences du vécu, accrochées à un slogan ou une légende, un objet emblématique, un super-héros ou encore les silhouettes de grands immeubles.

Le « griffonnage » a la spontanéité de certains dessins d’adolescents laissés comme une signature sur les tables de classe dans les collèges. Le graphisme de Walter s’apparente plus à une manière éloquente et instantanée de dire la fragilité, de regarder le monde, d’être poète.

La peinture est vive, rapide. Les couleurs acryliques sont denses, tranchées, contrastées. Elles donnent l’énergie, le rythme et la personnalité de ces instantanés de vie de l’artiste : rêveurs, drôles, sarcastiques ou désenchantés.

Depuis la fin des années quatre-vingt, Walter n’a cessé de peindre. Des grandes fresques dans les friches industrielles ou les boîtes de nuit aux toiles récentes aux formats plus modestes, il a inscrit son histoire et celle de son époque dans une peinture libre, revisitant sans contrainte l’art de l’autoportrait.

On n’oubliera pas de sitôt la petite gueule ronde qui nous a souvent à l’œil.