Dans ces toiles se déploie un univers où l’instinct et l’imaginaire dialoguent sans filtre. L’artiste compose des figures hybrides, mi-humaines mi-animales, qui semblent surgir d’un rêve hallucinatoire ou d’un conte primitif. Les corps se déforment, se fragmentent, se recomposent sous des couleurs vives et mouvantes, entre la joie et l’inquiétude, la dérision et l’étrangeté.
Chaque personnage paraît à la fois familier et monstrueux, porteur de récits intérieurs où se croisent le grotesque et le sacré. Les contours noirs, appuyés, emprisonnent les formes dans un cadre instable, comme si tout risquait à tout instant de se dissoudre dans la matière colorée. On y retrouve une énergie brute, volontairement « inachevée », qui rappelle autant l’art brut que l’expressionnisme, avec une liberté de geste revendiquée.
Ces peintures n’offrent pas d’histoire linéaire, mais des fragments de mythologies personnelles. Ici un visage prisonnier d’un quadrillage, là une silhouette totem tenant une étoile, ailleurs un être végétal ou animal se tordant sous le pinceau. Ce monde mouvant est un miroir déformant, où chacun est invité à projeter ses propres visions.
Plus qu’une figuration, c’est une traversée de l’inconscient : un carnaval de formes où l’angoisse et l’humour cohabitent, où les personnages – tantôt grotesques, tantôt majestueux – semblent interroger notre propre humanité.